Aux pieds du sanctuaire de Tosho-gu
Nikko
Humeur et emballements
Notre hôtel, le Nikko Park Lodge, sans âme et tristounet, mais avec un Asian Grill juste à côté, simple, authentique, à la bonne franquette (équivalent en japonais ?) devenu notre cantine n°1.
Vue sur l'autre gare de Nikko (deux compagnies de chemin de fer, donc deux gares, logique !)
depuis la fenêtre de notre chambre.
Notre chambre à la décoration indigeante, celle des garçons est à un autre étage, pas très pratique et déco du même tonneau.
Le paysage pavillonaire japonais ressemble finalement beaucoup aux lotissements américains
Les boutiques de souvenirs bordent la rue principale qui conduit tout droit au sanctuaire Toshogu.
Le Shin-Kyô bashi (ou pont Shinkyō, bashi signifiant pont) est un pont en bois laqué rouge. Il enjambe la rivière Daiya et marque l'entrée vers la zone forestière et montagneuse de la ville, où sont concentrés tous les principaux temples. Il est interdit à toute circulation, seules les libellules sont autorisées. Attention petite libellule, un jeune Français t'observe, du peuple de ceux qui se délectent de grenouilles et d'escargots...
Au pied des cèdres vénérables, la mousse est partout. Le ciel gronde, il faudra bientôt trouver un abri.
« Le nom de Nikko évoque une prodigieuse symphonie de roches, de cascades, de forêts de montagnes, de lacs, d’étangs fleuris, de gorges ombreuses, de volcans solennels qui accompagne et devrait sublimer un grand nombre d’œuvres humaines. Parmi celles-ci, certaines, si elles visaient à atteindre une tapageuse publicité, ont sans conteste rempli cette mission ; mais si elles furent imaginées comme expression de beauté, elles ont en plein raté leur but. Je fais allusion ici aux mausolées construits par les shôgun Tokugawa pour eux et surtout pour Leyasu (1542-1616), fondateur de la dynastie. Le choix du site témoignait d’un louable discernement. Il est peu d’endroits au Japon où l’eau, la pierre, les troncs d’arbre, le feuillage se trouvent si harmonieusement intégrés dans un ensemble. Malheureusement les temps avaient changé. Les Japonais d’autres siècles, de l’époque de Nara, de Heian, même de Kamakura ou de Muromachi, auraient certainement compris ces vallées de dieux, ces pics de légende, ces forêts visionnaires, auraient traduit dignement en nobles structures, en formes, leur émotion religieuse. Mais ces années du XVIIème siècle (la majorité des édifices furent achevés entre 1634 et 1636) étaient veules, serviles, tarabiscotées ; en haut lieu dominait l’esprit de répression, en bas serpentait la peur, sur tous pesait le morne ennui Tokugawa : médiocrité et faste.
Piège éternel où tombent les tyrans ; le luxe, la magnificence, la pompe furent confondus avec la beauté, et la stupéfaction avec l’enchantement. »
MARAINI Fosco, Japon, Paris, Arthaud, 1959.
Je trouve cette remarque hélas souvent très adaptée à bien d'autres constructions contemporaines, œuvres d'architectes soumis à la mégalomanie de dictateurs de passage.("Passage" à l'échelle de l'histoire de l'humanité, mais éternité pour les peuples qui le subissent). Ici à Nikko, contentons-nous de nous laisser porter par l'exotisme du lieu, et amusons-nous de ces constructions somme toute pas si catastrohiques.
Nikkô est souvent critiquée pour avoir un style trop chinois
et pas assez japonais.
Deux petites princesses pour un prince. Qui des deux va oser briser le sort ?